Les Sens du Leader (1/5)

 

N’en déplaise aux partisans de l’autogestion, la réalité du terrain montre qu’il n’y a pas de groupe sans leader : quelqu’un qui dirige certes, mais aussi quelqu’un qui « voit », qui oriente, qui décide, qui définit la direction et les moyens d’y parvenir. Et quelqu’un qui fédère autour de lui et du projet les personnes et les compétences nécessaires en y apportant de l’envie, de l’enthousiasme. Plus que fédérer, c’est faire adhérer. En bref, le bon leader crée un fort sentiment d’unité et d’appartenance pour aller vers un objectif supérieur.

Au-delà des grandes thématiques concernant le management et dont beaucoup d’écoles et d’ouvrages se sont fait l’écho, le leader se caractérise d’abord par une personnalité typique. Que ce soit pour diriger une multinationale, une TPE ou lui-même, les composantes sont les mêmes. Parmi celles-ci, cinq sens sont indispensables pour atteindre ce que l’on vise.

Le Sens de la Vision

C’est le premier point : pas de leader sans vision. On ne devient pas leader par souci de gloire et volonté de reconnaissance, on le devient parce que l’on est habité de valeurs fortes qui permettent de définir une mission. Et on voit loin, très loin.

Il appartient au leader de déterminer les objectifs à  atteindre et de les communiquer aux acteurs intéressés. Les objectifs, ce sont des paliers de progression, des moyens d’avancer et de bâtir, étape par étape : vision à court ou moyen terme.

Mais il lui appartient surtout de voir un cran au dessus. C’est ce qu’on appelle la Vision. La Vision, c’est l’objectif de l’objectif ; elle se situe donc sur le long terme et répond notamment aux questions suivantes :

• Vers quoi ai-je envie d’emmener la structure ?
• Qu’est ce que je veux que l’on en dise d’ici 5 ans, 10 ans ou plus ?
• Qu’ai-je envie de léguer ?
• Et ce Projet, a quoi sert-il ?
• A quels objectifs autres répond-t-il ?

« Il faut être ambitieux mais il ne faut pas se tromper d’ambition » (Jacques de Bourbon Busset).

JK Kennedy en est une belle illustration quand, le 25 mai 1961, il déclare à la télévision : « Notre nation doit s’engager à faire atterrir l’homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie. ». Le 20 juillet 1969, le premier  alunissage avait lieu.

De même, Martin Luther King prononce en 1963 « I have a Dream » et crée le futur de l’égalité des droits civiques 2 ans plus tard.

Moins connu mais tout aussi important, Frédéric expose aux quatre salariés composant son entreprise en début d’année : « Nous venons d’être classé troisième entreprise dans le département pour l’impression numérique grand format.  Dans un an, nous serons les leaders de ce département. Voilà comment nous allons faire ». Un an après, le nouveau classement confirme sa pole position.

Le leader a une définition précise de ses valeurs à réaliser : projeté dans l’avenir (tout en ayant une bonne connaissance du passé et du présent), il est capable de dire ce que la réalisation de cette vision permettra d’atteindre, d’obtenir, de dépasser et enfin de transmettre. Par cette projection dans l’avenir, il se distingue du manager dont on attend qu’il optimise les processus existants. Le leader se situe beaucoup plus dans l’anticipation, la projection, la création.

Autre exemple intéressant : Edouard dirige une petite entreprise fabriquant des tentes gonflables. Son objectif : en fabriquer une qui soit à la fois simple, légère, robuste, de grande capacité et capable de procurer un grand confort quelles que soient les conditions climatiques. La raison : guidé par son humanisme, il veut pouvoir équiper en urgence les zones dévastées par un catastrophe (inondations, tremblements de terre, etc) et offrir sans délai un abri sur et agréable. Il voit son entreprise comme celle qui apporte un secours immédiat et de qualité aux gens en grande détresse. Il se donne deux ans pour y parvenir.

Il en discute longuement avec l’équipe de son atelier puis organise la mise en œuvre : collabore avec un ingénieur sur ce projet, il convainc deux banquiers qui lui accordent les crédits nécessaires, il implique fortement son équipe dans le projet, il s’entoure d’un avocat pour les brevets, d’un spécialiste en marketing pour faire la promotion, embauche un commercial et… s’adjoint les services d’un coach pour le suivre le long des étapes et l’aider à les accomplir les unes après les autres. Seize mois plus tard, son projet est opérationnel et une première commande modeste est faite par une ONG. Il communique fortement sur ce point et deux mois après, une commande plus importante lui est adressée par le Ministère de l’Intérieur d’un pays étranger. Depuis, il veut se positionner comme Le spécialiste de ce produit et, tout en améliorant toujours le produit, multiplie les campagnes de presse et conférences/démonstration.

Avec ses employés, il rédige la charte éthique de son entreprise. Ils sont fiers de travailler dans cette entreprise qui, au départ, n’était qu’un fabriquant des tentes gonflables et qui, aujourd’hui, poursuit une croissance remarquable pour servir une cause humanitaire. Il a su insuffler sa vision et y faire adhérer chacun. Un vrai leader !