Donner du sens à ses équipes
Jean a un souci. Patron d’une PME, son fidèle collaborateur de retour de vacances, parait démotivé. A l’atelier, ce n’est pas mieux. L’un râle depuis quelques mois et n’arrête plus, l’autre considère que « ce qu’on fait ne sert pas à grand-chose », un troisième enfin bougonne que de toute façon, qu’il soit là ou pas ne change rien à rien.
Le vrai souci de Jean, c’est que son équipe est en panne de sens. S’il ne trouve pas rapidement une solution, la zone de turbulence va s’intensifier et faire plonger sa boite. Vite, vite, donner du sens ! Oui mais comment faire ?
Vision du travail et vision de la vie
Tout a changé au fil des décennies et tout s’accélère.
Le père de Jean avait été élevé dans l’idée que le travail est une nécessité. Plaisant ou pas, il devait donner de quoi vivre. C’était dans les années 1960. En prenant la direction de l’entreprise, il l’a spécialisée et est devenu un patron expert pendant une bonne trentaine d’années. Jean lui a succédé dans les années 1990 et a fait de la petite PME une structure reconnue pour sa compétence et sa qualité. Il s’est entouré de quelques talents spécifiques et a assoupli les règles internes de fonctionnement afin que chacun, tout en travaillant dur, ait aussi le temps de s’épanouir dans sa vie privée. Bien gagner sa vie, d’accord mais à condition d’avoir le temps d’en profiter.
Le développement se faisait tranquillement et continuellement jusqu’à il y a un peu plus d’un an quand les normes ont changé, que la concurrence étrangère s’est faite plus compétitive et plus agressive et que le goût des clients s’est modifié. Jean s’est inquiété, a bouleversé les règles en vigueur et a durci sa position. Sa PME s’est intelligemment positionnée mais au détriment de la belle harmonie de l’équipe qui aujourd’hui est démotivée et surtout laisse entendre qu’elle ne veut plus faire n’importe quoi à n’importe quel prix.
En fait, chacun commence à se demander quelle est son utilité en ayant l’impression d’être un simple exécutant sans pouvoir se réaliser dans l’entreprise. « C’était mieux avant » revient en boucle et Jean s’interroge : Que faire ? Comment faire redémarrer son équipe, comment instaurer un modèle économique qui soit performant tout en répondant aux aspirations de tous ? Quadrature du cercle ?
Une nouvelle donne
Jean continue ses efforts financiers et commerciaux, met en place une nouvelle logistique, modernise l’outil informatique, redistribue les locaux, faits quelques investissements, etc mais le problème qu’il n’a pas su traiter est humain. Il se croyait des compétences en ce domaine mais reconnait qu’il est dépassé. Il est allé voir un coach et a mis le problème sur la table. A la fin des séances, il a rédigé un petit vade mecum pour synthétiser ce qu’il a appris. Il a listé 4 points essentiels.
1/ Mettre en adéquation la performance économique et l’impact social. Jean a compris que le développement durable et la responsabilité sociale et environnementale ne sont pas seulement des concepts. Son équipe, surtout les plus jeunes, a besoin de constater que ce que l’entreprise produit a un impact positif sur l’environnement. Cela n’est pas incompatible avec la performance économique. Au contraire, cela booste la créativité des salariés et permet de trouver de nouveaux marchés tout en renforçant le capital image de son entreprise.
2/ Déterminer les valeurs de l’entreprise. Plutôt que de définir tout seul les valeurs auxquelles sa PME répond (selon lui) et d’en faire comme d’autres un outil marketing limité, Jean a réuni tout le monde et a demandé à chacun quelles sont les trois valeurs qu’il reconnait à l’entreprise. Quelques heures d’échanges intenses et fructueux aux termes desquelles trois valeurs principales et ayant reçu l’accord de tous ont été dégagées. Désormais, l’entreprise peut communiquer efficacement auprès notamment des clients et des fournisseurs et son équipe en est la meilleure ambassadrice. En outre, chacun s’est regroupé autour de ces valeurs et a l’impression de participer à une identité commune et de faire partie d’un ensemble cohérent.
3/ Donner à ses salariés la liberté d’être. Jean a en horreur la réunionite. En revanche, il a instauré une réunion spécifique une fois par semaine où tout le monde est convié et où chacun, à tour de rôle, exprime dans un temps imparti ses idées, ses propositions, ses créations, ses ambitions, etc. Certaines idées sont ensuite mises aux voix en fonction de leur intérêt. Quand elles sont adoptées, celui qui l’a proposé peut la mettre en place. Quand elles sont rejetées, la décision doit être motivée, quitte à ce que l’idée soit à nouveau présentée avec davantage d’argumentation ou une spécificité nouvelle. Chacun a donc pu développer sa créativité, chacun a vraiment l’impression d’exister et d’être un maillon important de l’ensemble. L’esprit d’équipe n’en est que plus fort.
4/ Redéfinir les règles de fonctionnement. Jean a mis à plat toutes les règles et procédures qu’il avait crues bon d’instaurer. Son mot d’ordre a été : simplicité et efficacité.
Résultat, le nombre de règles a considérablement diminué et le dialogue direct, clair et franc a été réinstauré. Toute information dont il dispose et qui pourrait être utile à l’équipe est aussitôt relayée et partagée au lieu d’être jalousement conservée comme le fait l’un de ses concurrents. Du coup, chacun est au courant de ce qui doit être fait et de la raison pour laquelle ça doit être fait.
En outre, il n’hésite pas à montrer à chacun que la place qu’il occupe, là où il est, a un impact évident sur un ensemble plus vaste et participe au développement de l’entreprise. L’image est usée mais toujours efficace et indispensable : chacun est le maillon indispensable de toute une chaine. Si un maillon manque, c’est toute la chaine qui se brise.
Si on devait résumer très simplement ce qu’à fait Jean, cela serait : mettre en place une véritable communication qui permet de partager sa vision de l’entreprise et sa motivation.
Ça a l’air simple. Encore fallait-il trouver les ingrédients nécessaires et c’est pourquoi l’accompagnement en coaching que Jean a sollicité lui a été grandement bénéfique. Jugeons en plutôt : aujourd’hui, tout le monde dans sa PME sait pourquoi il se lève le matin et le chiffre d’affaires est joliment reparti à la hausse. Son concurrent direct commence, lui, à être à la peine…
Très intéressant pour la conduite des équipes vers la performance.