J’ai connu autrefois deux personnes en réorientation professionnelle. L’une est venue me voir pour un coaching, l’autre a suivi les conseils d’un ami « qui lui voulait du bien ».
J’ai eu de leurs nouvelles depuis lors. La première a choisi un métier différent de celui qu’elle exerçait auparavant, a un salaire légèrement inférieur mais un plaisir décuplé dans ce qu’elle fait ! Fabuleux ! Sa vie personnelle bénéficie d’ailleurs de son nouveau statut. « J’ai du attendre d’avoir plus de 40 ans pour trouver ma voie, me dit-elle, mais quel bonheur ! ». De manière indirecte, j’ai eu aussi des nouvelles de la seconde personne. A priori, ça va mais sans grand enthousiasme. Un job, quoi, parce qu’il faut payer son loyer à la fin du mois. Des journées passablement monotones en attendant la retraite….
Quelle est la différence fondamentale entre les deux ? Pourquoi l’un est heureux et l’autre pas ? Nous allons le voir.
L’histoire du pêcheur mexicain
Il existe une jolie histoire, très symbolique pour illustrer notre propos. Peut-être la connaissez-vous ? La voici.
Nous sommes sur la plage d’un petit village de pêcheurs au Mexique. Un bateau vient d’y accoster avec quelques poissons. Un touriste américain, homme d’affaires de son état, aborde le pêcheur. « Belle pêche dites donc ! Il vous a fallu beaucoup de temps ? ». Le pêcheur mexicain le regarde et répond : « Non, pas beaucoup de temps ».
L’Américain lui demande alors pourquoi il n’est pas resté plus longtemps en mer pour ramener plus de poissons et le Mexicain répond que c’est assez pour nourrir sa famille. L’Américain est étonné : « Mais que faites-vous le reste du temps ? »
Le pêcheur répond : « Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je flâne au village, je vois mes amis, nous buvons un peu de vin et nous jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie, Monsieur ! ».
L’Américain reprend : « Ecoutez, j’ai un MBA de l’université de Harvard et je peux vous aider. Commencez par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous achetez un plus gros bateau. Avec le gain de la pêche, vous en achetez un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez une flotte de bateaux de pêche. Au lieu de vendre vos poissons à un intermédiaire, vous négociez directement avec l’usine, et même vous ouvrez votre propre conserverie. Vous avez alors le contrôle de tout le circuit, de la production à la distribution. Vous pourriez alors quitter votre petit village pour Mexico City, Los Angeles, et enfin New York où vous dirigez toutes vos affaires et l’expansion de votre entreprise ».
Le Mexicain demande alors : « Combien de temps cela prendrait-il ? »
«15 à 20 ans» répond l’homme d’affaires.
« Et ensuite, Monsieur ? »
« Ensuite, c’est là que ça devient intéressant », répond l’Américain en riant. « Quand le moment sera venu, vous introduirez votre société en bourse. Vous pourrez facilement faire des dizaines de millions ! »
« Des millions ? Mais après ? »
« Après ? Et bien vous prenez votre retraite. Vous vous installez dans un petit village de pêcheurs où vous pourrez faire la grasse matinée, pêcher un peu, jouer avec vos enfants, faire la sieste avec votre femme, flâner dans le village le soir en sirotant du vin et en jouant de la guitare avec vos amis. »
Cette histoire illustre le risque que nous prenons quand nous ne suivons pas notre propre chemin, en accord avec ce qui nous est important et que nous suivons des conseils « avisés » mais étrangers à nos valeurs. Nous risquons alors de ne pas être en harmonie avec nous-mêmes.
Transformer un cercle vicieux en un cercle vertueux
Quel rapport avec les deux personnes citées en début d’article ? Avec le premier, lors de notre coaching, nous avons travaillé sur ses valeurs : qu’est-ce qui est important pour lui ? Qu’est-ce qui est encore plus important ? Qu’est-ce qui guide finalement chacun de ses choix essentiels au travers de sa vie ? Et, une fois que cela est bien déterminé, que faire pour que ces valeurs là soient nourries le plus souvent possible ? Que faire, concrètement, pour que cette personne là trouve, dans ce qu’elle accomplit, quelque chose qui ait du sens et qui réponde au sens qu’elle donne à son existence ?
Ce sont là des questions majeures et déterminantes. En toute occurrence et notamment lorsque l’on est en réorientation professionnelle. Il ne faut pas confondre un coach avec une agence de Pôle Emploi ! Le coach n’est pas là pour éplucher des annonces et les distribuer ensuite. Il est là pour que la personne fasse émerger en elle ce qui lui tient le plus à cœur et découvre le travail qui lui permettra de satisfaire au mieux son essentiel. En parallèle, bien sur, un travail a été effectué sur ses forces et ses talents. Il ne s‘agit pas d’en rester à un bilan de compétences basique et d’énumérer ce qu’elle sait faire. Il s’agit de mettre au clair ce qu‘elle aime faire, ce qu’elle accomplit avec succès et ce qu’elle désire au plus profond d’elle-même puis de chercher le(s) point(s) commun(s) entre ces trois aspects. C’est ainsi que l’on peut se réorienter professionnellement avec bonheur et réussite.
La deuxième personne en revanche en est restée au paradigme de la croissance à tout prix ; l’ami « qui lui voulait du bien » n’a pas recherché s’il y avait ou pas harmonie avec ses valeurs propres. Certes, elle a retrouvé un emploi mais le prix à payer en est élevé. Il est celui de la déception, du stress, de l’ennui et de l’attente de la retraite pour enfin faire ce qu‘elle aime. Bref, une existence dont l’épanouissement est très mitigé, voire absent la plupart du temps. Combien de personnes, sous l’apparence d’une réussite flatteuse, cachent au fond d’elles-mêmes un rêve qu’elle ne parviennent à assouvir ?
Notre pêcheur mexicain a probablement un train de vie modeste mais il vit ! Il accomplit ce qu‘il aime et, plutôt que la gloire, la renommée et un statut social, il a donné la priorité à sa famille, à ses amis, à son plaisir quotidien d’une vie simple, équilibrée et satisfaisante. Les conseils de l’américain, peut-être très judicieux pour d’autres personnes, ne correspondent en revanche absolument pas à ce qui, pour ce pêcheur, représente le sel de la vie.
Il n’est pas nécessaire d’attendre un plan de licenciement pour décider d’une autre orientation professionnelle. Cela peut se faire quand on en vient à s’interroger avec de plus en plus d’insistance sur le choix que l’on a fait et que l’on sent que l’on aimerait faire autre chose. Si vous ressentez cela, allez voir votre coach ; il y a peut-être des rêves à faire éclore et ce serait dommage de ne pas le savoir ou de les laisser à l’abandon.
Et en attendant, réécoutez attentivement la fameuse chanson « Le Blues du businessman » et son célèbre refrain « J’aurais voulu être un artiste ». Que vous inspirent ces paroles ?
bonne histoire peu m’inspiree.MERCI
Il m’a fallu 37 ans pour comprendre l’importance de trouver sa voie et de réaliser son rêve. Rien n’est plus épanouissant, bienfaisant, enrichissant.
Merci
« Mieux vaut tard que jamais ».
Merci Colette.
J’ai pris du plaisir à lire l’histoire du pêcheur mexicain. C’est une belle histoire qui aurait pu être celle du pêcheur africain, turc, arabe… Pour dire que c’est une histoire universelle sur les valeurs, sur le sens que nous donnons, que nous voulons donner à notre vie tout simplement. C’est une réflexion à laquelle j’invite les participants à mes formations. Le constat est que l’on ne fait pas souvent cette réflexion fondamentale. Ayant travaillé pendant des années dans l’industrie pharmaceutique, j’ai décuplé mon potentiel de formateur à la suite d’un licenciement dit économique. Partager, encourager, transmettre le savoir, coacher, aider les autres à avancer, à trouver du sens à leur vie voici ce qui me passionne. Je peux y passer des heures avec toujours le même bonheur pour moi et la satisfaction de mes clients. J’ai trouvé du temps pour ma famille, ma femme et d’autres activités. Quand je n’ai pas de formation, de séminaire, de séance de coaching, je m’occupe de ma ferme de 18 ha. Depuis ce changement, je vis sans le stress qui etait mon lot quotidien. Trouvez sa route, ce qui nous rend simplement heureux tout en nous permettant de contribuer au développement de notre communauté, c’est le but. Merci Jean Guy.
Merci Jacques pour votre partage.