Il n’est pas question ici de développer les divers aspects de la manipulation mais de prendre du recul pour conserver sa lucidité et éviter deux excès : soit voir des manipulateurs partout et tomber dans la paranoïa, soit n’en voir jamais et devenir une « bonne poire ».
Un grand classique : la demande indirecte
Vous connaissez le dialogue suivant :
« Tu fais quelque chose demain soir ?
– Euh…non, rien de spécial…
– Parfait! Tu viens diner chez nous ! ».
Nous sommes nombreux à nous faire piéger ainsi ! Et nous ne satisfaisons pas notre besoin qui était peut-être de se livrer aux douceurs du farniente, de lire, ou déguster une pizza en regardant la TV, avachi sur son canapé.
Voici quelques parades :
- Technique de la question en réponse à une question. « Pourquoi me demandes-tu si je fais quelque chose demain soir ? ».
- Technique de la temporisation : « Je ne sais pas. Je regarde mon agenda et je te rappelle »
- Technique du pourquoi : « C’est possible. Pourquoi ? »
De quoi s’agit-il ?
Influence et manipulation sont souvent confondues.
Le discours d’influence est celui du leader :
- Il enthousiasme, donne envie de faire et nous avons quelque chose à y gagner.
- Nous savons de quoi il s’agit et nous agissons non par contrainte ou peur mais parce que nous obtiendrons un avantage, un bénéfice qui nous plait et nous convient.
Au contraire, le discours manipulateur est sournois et flou.
- Il veut nous faire faire quelque chose que nous n’aurions pas accompli si nous avions su de quoi il s’agissait.
- Ce sera à notre désavantage et au profit exclusif du manipulateur : nous perdons quelque chose. Exemple : on me donne 100 mais je me retrouve à devoir rendre 200 ou plus.
Comment s’y prend un manipulateur quand on refuse ?
Il joue sur 2 types de cordes sensibles : dans l’immédiat en provoquant une émotion désagréable : (culpabilité, peur, tristesse, pitié, etc) ou dans le futur en suggérant des conséquences déplaisantes.
Deux indices sont à prendre en compte :
- Est-ce que je me sens redevable ? Si oui, cela me convient-il ? Si non : il faut recadrer en conservant de la bienveillance pour moi.
- Est-ce que je me sens coupable ? Le sentiment de culpabilité est la meilleure arme de tout manipulateur.
Attention au syndrome du Caliméro : Est-ce que je vois l’autre comme une perpétuelle victime ? Cela m’oblige à faire continuellement ce qu’il ne « peut » pas faire…
Les 2 armes principales du manipulateur
L’arme fétiche du manipulateur : le flou
Le flou présente 5 intérêts pour le manipulateur :
- Changer d’avis facilement : il ne termine souvent pas ses phrases, nous laisse interpréter ses propos puis nous le reproche : « je n’ai jamais dis ça !» « Tu interprètes complètement mes propos ».
- Se déresponsabiliser et ne pas s’engager. « On devrait faire telle chose» et plus tard : « Quoi ?!!! Tu n’as rien fait ? ».
- Dissimuler son jeu et mettre en défaut : il se laisse une marge de manœuvre. On croyait qu’il fallait aller à droite et il reproche de ne pas avoir été à gauche (ou inversement).
- Se donner de l’importance et du pouvoir dans ses relations et connaissances : Il laisse croire que…. et commence l’évocation d’un secret mais sans tout dire : « Je sais que X a fait telle chose mais bon, je ne peux pas t’en dire plus, ça engage trop de personnes». Il aime faire croire qu’il est une personne importante et/ou qu’il peut agir très fortement.
- Se donner de l’importance et du pouvoir avec un vocabulaire très spécifique ou « cultivé » : Il vous fait passer pour quelqu’un qui ne connait pas grand-chose pour prendre du pouvoir : « Comment ? Tu ne connais pas xxx ? Mais tout le monde sait ça !». Ou bien, ses formulations sont compliquées ou ses mots sont ambigus avec plusieurs sens.
L’arme secrète du manipulateur : la culpabilisation
Dès qu’on se sent coupable, on prend le risque de se retrouver dans la main du manipulateur. Généralement, il va (au choix ou en mélange) :
- vous rappeler tout ce qu’il a fait pour vous,
- vous remettre en mémoire la qualité de votre relation,
- vous rappeler qu’il vous a fait la même demande il y a un an et que vous aviez déjà refusé !
- vous dire combien les « autres » (nommément ou pas) vont être déçus.
- vous exposer combien vous être égoïste, indifférent aux autres, lâche, etc.
- vous dire combien votre refus le rend triste, déçu, catastrophé, etc.
Quand l’autre vous fait sentir coupable, dressez l’oreille : Vous sentez-vous coupable de quoi que ce soit ? Avez-vous vraiment commis une faute ?
La Parade Ultime
Recadrez le plus vite possible et Focalisez-vous sur les faits et le contexte actuel
« Le problème, à l’instant, n’est pas de savoir si je suis ceci ou cela (ou « si notre relation est remise ou non en cause » ou « si tu as ou non fait cela pour moi ») mais de savoir si je vais ou non à cette soirée. Comme je te l’ai dit, ma réponse est non ».
C’est aussi du Leadership de votre côté
Quelle que soit la demande que vous recevez, vous devez vous sentir libre de répondre de façon responsable (il n’y a que 3 possibilités) :
- oui (c’est un engagement),
- non (c’est définitif dans ce contexte),
- ou proposer une alternative (une négociation peut s’ensuivre).
De nouveau, soyez vigilent à ne pas tomber dans des extrêmes : ne voir que des intentions positives ou voir le mal partout.
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Merci JEan-Guy pour ces éclaircissements. Je découvre qu’on peut aussi être leader dans sa façon de répondre ! 🙂